, Les festivaliers prennent des photos durant le festival, profitent du festival et publient leurs photos plus tard. Cela infirme le constat d'un public trop souvent connecté qui ne profite pas du moment présent (certains groupes vont jusqu'à interdire tout smartphone ou appareils photos durant leurs prestations -quand ils
, Ils publient alors des photos visant à partager leurs expériences du festival (groupes, coups de coeur etc.) et à valoriser leur présence aux Eurockéennes. La deuxième catégorie est composée d' « instagrammeurs », c'està-dire des personnes qui utilisent ce réseau social pour percevoir une rémunération, on les appelle également « influenceurs » dans la sphère internet. Leurs publications ayant un rapport avec leur présence au festival sont alors motivées par l'idée de valoriser leur « ligne éditoriale ». Pour se faire, ils prennent en photo des lieux emblématiques du festival, se mettent en scène, ou prennent des photos de détails stylisés. Dans les deux cas, le partage de l'expérience festivalière par la diffusion d'images sur un réseau social devient partie intégrante du vécu du festivalier. En effet, cette étude s'est concentrée sur Instagram
, image pour le cas présent, se diffuse à l'ensemble des médias, si bien que ce procédé communicationnel est repris, notamment par L'Est Républicain. La rubrique « gueules d'eurock » atteste de cela
, sans raisons apparentes -peut-être est-elle réservée exclusivement à l'édition du dimanche à partir de cette date -) et consiste à identifier une ou quelques personnes sur chaque photographie. Auparavant, les photographies du public (qui existe toujours en parallèle dans les pages du journal) montrent une masse festive, elles visent à rendre compte de l'ampleur du festival. Ici, il s'agit de suivre la culture du « selfie », celle d'une mise en avant de l'égo par une photographie individualisante. La forme même de la rubrique rappelle fortement la ligne éditoriale utilisée par Instagram. L'analyse des réseaux sociaux montre donc en partie le fonctionnement de la communication actuelle pour Les Eurockéennes (une analyse qui aurait certainement des résultats similaires pour d'autres festivals). Les festivaliers utilisent massivement les réseaux sociaux, ces derniers deviennent donc à la fois un espace de partage de l'expérience festivalière mais également un espace d'information et de communication à l 'égard du festival. L'équipe du festival l'a pleinement intégré et sa communication fréquente, utilisant les usages de langage en vigueur sur Facebook atteste de cela. La rubrique « gueules d'eurock » de L'Est Républicain témoigne aussi de cet usage par la presse papier, Il n'y a évidemment rien de très original à publier des photographies du public, le journal le fait dès les premières éditions. Néanmoins, la forme change, cette rubrique apparaît en 2010 (elle disparaît en 2016 dans ce que nous avons collecté
, un lien de cause à effet entre cette « communication 2.0 » et le succès du festival. Néanmoins, l'étude de la fréquentation des années 2010 et de la chronologie interne du festival montre que Les Eurockéennes affichent une forme de stabilité. Pourtant, l'édition 2010 affiche une fréquentation en nette baisse, puisqu'elle concentre 80.000 festivaliers 60 (or, les éditions précédentes étaient complètes ou proches avec 95.000-100.000 festivaliers). Il est difficile d'y trouver une raison, Il est difficile d'établir, avec certitudes et données à l'appui
, Surtout celles de 2011 et 2012 qui reprennent la même recette et n'affichent pas de noms plus porteurs, mais pourtant elles concentrent respectivement 95.000 et 100.000 festivaliers 61 . Il n'y a donc pas nécessairement de raisons internes à cette baisse de la fréquentation en 2010, les explications se trouvent certainement dans des facteurs externes (on peut par exemple imaginer que certains festivaliers extrarégionaux ont choisi cette année-là un autre festival). Suite à ces éditions, le festival est en bonne forme économique, si bien que pour la célébration des 25 ans d'existence des Eurockéennes
, Sans réellement le savoir à ce moment-là, cette nouvelle tentative fructueuse de passage à quatre jours est perçue comme un laboratoire pour d'autres éditions. Dès 2016, le directeur de l'association Territoire de musique, Jean Pierre Rolland et le président du festival, Mathieu Pigasse, émettent l'idée d'un modèle sur quatre jours sur plusieurs éditions. Le bilan de l'édition 2016, paru le 4 juillet 2016 dans L'Est Républicain évoque cela : Suite à cela, 2017.
, Ce changement est opérant depuis, 2015.
, Bien que le statut d'association à but non lucratif (loi 1901) est préservé, Mathieu Pigasse est à la tête de plusieurs entreprises et médias culturels (dont Radio nova, Télérama, Les Inrockuptibles)
, Ce statut d'entrepreneur privé, surtout d'ordre culturel, peut interroger sur la pérennité du statut associatif (Les Eurockéennes seront-elles toujours différentes des festivals détenus par des entreprises totalement privées ?) et également sur la liberté artistique des choix de programmation 62
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